• 56. La Dévotion.

    La danse de Meera dans le temple.

    La dévotion est un moyen de se fondre, de se dissoudre dans l'existence. Ce n'est pas un pèlerinage, c'est simplement laisser tomber toutes les frontières qui vous séparent d'avec l'existence; c'est une histoire d'amour. L'amour est une fusion avec un individu, une profonde intimité de deux cœurs, si profonde que ces deux cœurs se mettent à danser dans une même harmonie. Bien qu'il y ait deux cœurs, il y a une seule harmonie, une seule musique, une seule danse.

    Ce que l'amour est entre deux individus, la dévotion l'est entre un individu et l'existence entière. Il danse avec les vagues de l'océan, il danse dans les arbres frémissant au soleil, il danse avec les étoiles. Son cœur répond au parfum des fleurs, au chant des oiseaux, au silence de la nuit.

    La dévotion est la mort de la personnalité. Ce qui est mortel en vous, vous le lâcher de votre plein gré; seul demeure ce qui est immortel, ce qui est éternel, impérissable. Et bien sûr l'immortel ne peut pas être séparé de l'existence qui elle est immortelle, qui s'écoule sans fin, qui ne connaît ni commencement ni fin. La dévotion est la forme la plus élevée de l'amour.

    Vous savez que Jésus a dit: "Dieu est amour". Si cela avait été écrit par une femme, elle aurait écrit: "L'amour est Dieu". Dieu est nécessairement secondaire, c'est une hypothèse du mental, alors que l'amour est une réalité qui bat dans chaque coeur.

    Il y a eu des gens comme Meera... mais seules des femmes très courageuses ont pu réussir à sortir du système social répressif. Elle a pu le faire parce qu'elle était reine, quoique sa propre famille essayât de la tuer parce qu'elle chantait et dansait dans les rues. Sa famille ne pouvait pas l'accepter. En particulier en Inde et au Rajasthan la femme est très réprimée. Et une femme de la beauté de Meera, dansant dans les rues en chantant joyeusement...

    Il y avait un temple à Vrindavan où Krishna avait séjourné. On avait construit un magnifique temple à sa mémoire et les femmes n'avaient pas le droit d'y rentrer. Les femmes étaient autorisées sur le pourtour, à l'extérieur, à toucher les marches du temple. Elles n'avaient jamais pu voir la statue de Krishna à l'intérieur car le prêtre était inflexible.

    Lorsque Meera arriva, le prêtre eut peur qu'elle veuille entrer dans le temple et il plaça à la porte deux hommes armés, l'épée nue à la main pour l'en empêcher. Mais lorsqu'elle arriva - ces êtres là sont si rares... une brise si parfumée, une si belle danse, un chant dont les paroles contenaient ce qu'aucun mot ne peut contenir... - les deux gardes oublièrent pourquoi ils étaient là et Meera dansa dans le temple.

    C'était le moment pour le prêtre de vénérer Krishna; son plat plein de fleurs tomba sur le sol lorsqu'il la vit...

    Il était fou de colère et lui dit: "Tu as violé une règle vieille de plusieurs siècles".

    "Quelle règle ?" demanda t'elle.

    "Aucune femme ne peut entrer ici" dit le prêtre.

    Et pouvez-vous imaginer la réponse ? C'est courageux… Meera lui dit: "Alors comment es-tu entré ici ? Excepté un seul être, le bien aimé, l'Ultime, tout le monde est une femme. Penses-tu qu'il y ait deux hommes au monde, toi et l'Ultime ? Oublie ce non-sens". Elle avait évidemment raison; une femme pleine d'amour regarde l'existence comme son bien aimé et l'existence est Une.


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  • 57. L'Intelligence.

    Rabia et l'énigme de l'aiguille perdue.

    Nous sommes nés pour être heureux, c'est notre droit de naissance; mais les hommes sont si fous qu'ils ne réclament même pas ce droit. Ils sont beaucoup plus intéressés par ce que les autres possèdent et ils se mettent à courir après ces choses. Ils ne regardent jamais à l'intérieur d'eux-mêmes, ils ne cherchent jamais dans leur propre maison.

    Une personne intelligente commencera sa quête depuis son être intérieur, ce sera sa première exploration; car à moins que je ne sache ce qui est à l'intérieur de moi, comment puis-je chercher à travers le monde ? Le monde est si grand. Ceux qui ont regardé à l'intérieur ont trouvé instantanément, immédiatement. Il ne s'agit pas d'une avancée progressive, c'est un phénomène soudain, une soudaine illumination.

    J'ai entendu parler d'une femme soufi, une grande mystique, Rabia Al-Adawia.

    Un soir on la trouva assise sur la route en train de chercher quelque chose. C'était une vieille femme, sa vue était faible, elle voyait mal, ses voisins vinrent donc l'aider.

    "Que cherches-tu ?" lui demandèrent-ils.

    Rabia leur répondit: "Cette question est hors de propos. Je cherche. Si vous pouvez m'aider, aidez-moi".

    Ils rirent et lui dirent: "Rabia, es-tu devenue folle ? Tu dis que notre question est hors de propos mais si nous ne savons pas ce que tu cherches comment pourrons-nous t'aider ?"

    "D'accord" leur dit Rabia "juste pour vous faire plaisir, je cherche une aiguille, j'ai perdu mon aiguille".

    Ils commencèrent à l'aider mais ils réalisèrent immédiatement que la rue était grande et qu'une aiguille était une chose minuscule aussi il demandèrent à Rabia: "Je t'en prie, dis-nous où tu l'as perdue".

    "L'endroit exact, précis, sinon c'est difficile, la route est grande et l'on pourrait chercher éternellement. Où l'as-tu perdue ?"

    Rabia leur dit: "De nouveau vous posez une question sans objet. Quel rapport y a t-il avec ma recherche ?"

    Ils s'arrêtèrent et lui dirent: "Tu es certainement devenue folle !"

    "Bon, d'accord, juste pour vous faire plaisir" leur dit Rabia "je l'ai perdue dans ma maison".

    "Mais alors pourquoi nous fais-tu chercher ici ?" Et l'on dit que Rabia répondit: "Parce qu'ici il y a de la lumière et qu'il n'y en a pas à l'intérieur". Le soleil se couchait et sur la route, il y avait encore une lueur.

    Cette parabole a une grande signification. Vous êtes-vous demandé ce que vous cherchiez ? En avez-vous fait l'objet d'une profonde méditation; de savoir ce que vous cherchiez ? Non, même si en de rares moments, des moments de rêve, vous avez l'intuition de ce que vous cherchez, ce n'est jamais ni précis ni exact; vous ne l'avez pas encore défini.

    Si vous tenter de le définir, plus vous le définirez et plus vous sentirez qu'il n'est pas nécessaire de le chercher. La quête ne peut se poursuivre que si vous êtes dans l'imprécision ou dans un état de rêve; lorsque les choses ne sont pas claires vous continuez tout simplement à chercher. Tiré par une pulsion intérieure, poussé par une sorte d'urgence intérieure, vous ne savez qu'une chose, vous avez besoin de chercher !

    C'est un besoin intérieur, mais vous ne savez pas ce que vous recherchez et à moins que vous ne sachiez ce que vous cherchez comment pouvez-vous le trouver ? C'est vague; vous pensez que c'est l'argent, le pouvoir, le prestige, la respectabilité, mais vous voyez des gens respectables ou puissants qui cherchent eux aussi. Vous voyez des gens immensément riches, ils cherchent aussi, ils cherchent jusqu'à la fin de leur vie. Donc la richesse n'avance à rien, le pouvoir non plus et la quête continue malgré tout ce que vous avez.

    Il faut peut-être rechercher autre chose. Ces noms, ces étiquettes: argent, pouvoir, prestige ne servent qu'à satisfaire votre mental, ils vous permettent seulement de prendre conscience que vous êtes en quête de quelque chose; que quelque chose est encore indéfini, une sensation très vague.

    La première des choses pour le vrai chercheur, celui qui est un peu alerte, conscient, c'est de définir la recherche; formuler un concept très précis de l'objet de la recherche, de ce que c'est, de le faire émerger de la conscience endormie, de le regarder directement, de lui faire face. Immédiatement une transformation se produit. Si vous commencez à définir l'objet de la recherche, son intérêt disparaît. Plus il se précise, moins il est présent. Lorsque l'on sait clairement de quoi il s'agit, il disparaît soudain. Il n'existe que lorsque vous n'êtes pas attentif.

    Il faut le répéter, la quête n'existe que lorsque vous êtes endormi, la quête n'existe que si vous n'êtes pas conscient. L'inconscience crée la recherche.

    Oui, Rabia a raison; à l'intérieur il n'y a pas de lumière et parce qu'il n'y a pas de lumière et pas de conscience à l'intérieur, bien sûr vous cherchez à l'extérieur, parce qu'à l'extérieur ça semble plus clair.

    Tous nos sens sont tournés vers l'extérieur. Les yeux s'ouvrent au dehors, les mains bougent et se tendent vers l'extérieur, les jambes vous mènent vers l'extérieur, les oreilles captent les bruits et les sons de l'extérieur. Tout ce qui vous est utile s'ouvre sur l'extérieur; les cinq sens fonctionnent de manière extravertie. Vous commencez à chercher là où vous voyez, sentez, touchez; la lumière des sens brille à l'extérieur et le chercheur est à l'intérieur.

    Cette dichotomie doit être bien comprise, le chercheur est à l'intérieur mais parce que la lumière est à l'extérieur, le chercheur commence de manière ambitieuse en cherchant à l'extérieur à trouver quelque chose qui le satisfasse. Cela n'arrivera jamais, ce n'est jamais arrivé. Cela ne peut pas se produire dans la nature des choses, car à moins de trouver le chercheur, votre quête ne signifie rien. À moins que vous ne parveniez à connaître qui vous êtes, tout ce que vous recherchez est futile car vous ne connaissez pas le chercheur. Sans connaître le chercheur comment pouvez-vous aller dans la dimension juste, dans la bonne direction ? C'est impossible.

    Une première chose doit être considérée; si toute recherche est arrêtée et que vous prenez soudain conscience qu'il n'y a maintenant qu'une seule chose à connaître: "Qui est le chercheur en moi ? Quelle est l'énergie qui désire chercher ? Qui suis-je ?" Alors il y a transformation et soudain toutes les valeurs changent. Vous commencez à vous tourner vers l'intérieur, alors Rabia n'est plus assise sur la route cherchant une aiguille perdue quelque part dans l'obscurité de se propre âme intérieure.

    Une fois que vous avez commencé à vous tourner vers l'intérieur... Au début c'est très sombre, Rabia a raison, c'est très, très sombre, parce que durant de nombreuses vies vous n'êtes jamais rentré à l'intérieur, vos yeux se sont focalisés sur le monde extérieur.

    Avez-vous observé que parfois lorsque vous venez de la route qui est ensoleillée et brillamment éclairée, lorsque soudain vous rentrez dans la maison il fait très sombre, parce que vos yeux sont focalisés sur la lumière extérieure. Lorsqu'il y a beaucoup de lumière les pupilles se rétrécissent; dans l'obscurité les yeux se détendent. Mais si vous vous asseyez un instant, petit à petit l'obscurité disparaît, il y a plus de lumière, vos yeux s'adaptent.

    Durant de nombreuses vies vous avez été dehors sous un soleil brûlant, dans le monde et lorsque vous vous tourner vers l'intérieur, vous avez complètement oublié comment réajuster vos yeux. La méditation n'est rien d'autre qu'un réajustement de votre vision, de vos yeux. Et si vous continuez à regarder à l'intérieur, cela prend du temps, lentement, progressivement, vous commencez à y découvrir une splendide lumière. Mais ce n'est pas une lumière agressive, ce n'est pas comme le soleil mais davantage comme la lune. Elle n'est pas aveuglante ni éblouissante, elle est très douce; elle n'est pas chaude, elle est très compatissante, très apaisante, c'est un baume.

    Petit à petit lorsque vous vous êtes adapté à la lumière intérieure, vous découvrez que vous en êtes vous-même la source. Le chercheur est le "cherché". Alors vous découvrirez que le trésor est en vous et que le seul problème était que vous le cherchiez à l'extérieur. Vous le cherchiez quelque part à l'extérieur et il a toujours été là, en vous. Vous cherchiez dans une mauvaise direction, c'est tout !


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  • 58. L'Action.

    Fais confiance en Allah, mais attache d'abord ton chameau.

    Cela se passe chaque jour; vous auriez pu faire quelque chose mais vous ne l'avez pas fait et vous prenez l'excuse que si Dieu le veut vraiment, il le fera de toute façon. Ou bien vous faites quelque chose et vous attendez le résultat, vous attendez et le résultat ne vient jamais. Alors vous êtes fâché comme si l'on vous avait trompé, comme si Dieu vous avait trahi, comme s'il était contre vous, partial, plein de préjugés, injuste.. alors les griefs se lèvent, alors la confiance manque.

    L'être religieux est celui qui continue à faire ce qui est humainement possible mais sans créer de tension autour de cela. Parce que nous sommes très, très petits, de minuscules atomes dans l'univers, les choses sont très compliquées. Rien ne dépend directement de mes actes, des milliers d'énergies s'entrecroisent et c'est la somme des énergies qui décidera du résultat. Comment pourrais-je décider du résultat ?

    Mais si je ne fais rien alors les choses peuvent ne jamais être les mêmes; je "dois" faire et je dois aussi apprendre à ne rien attendre. Alors le "faire" devient une sorte de prière, sans aucun désir de résultat, alors la frustration n'existe plus.

    La confiance vous aidera à ne pas être frustré et attacher le chameau vous aidera à rester vivant, intensément vivant.

    Cette parabole soufi veut créer l'homme du troisième type, l'homme véritable, celui qui sait ce qu'il faut faire et qui sait aussi ne pas faire; qui peut être un homme d'action lorsque c'est nécessaire, qui peut dire "oui !" et qui peut être passif lorsqu'il le faut et dire "non". Qui est totalement éveillé le jour et profondément endormi la nuit; qui sait comment inspirer et qui sait comment expirer, qui connaît l'équilibre de la vie.

    "Fais confiance à Allah, mais attache d'abord ton chameau".

    Cette phrase est tirée d'une petite histoire. Un maître voyageait avec un de ses disciples et ce dernier était chargé de prendre soin du chameau. Ils arrivèrent à la nuit, fatigués, dans un caravansérail. Le devoir du disciple était d'attacher le chameau mais il ne s'en soucia pas et le laissa dehors. À la place il pria simplement Dieu en disant: "Prends soin du chameau"; puis il s'endormit.

    Au matin le chameau n'était plus là, volé ou enfui, ou quoi que ce soit d'autre. Le maître lui demanda: "Qu'est-il arrivé au chameau ? Où est-il passé ?"

    "Je ne sais pas" répondit le disciple "Demandez à Dieu, car moi j'avais demandé à Allah de prendre soin du chameau, j'étais si fatigué, je ne sais pas ce qui s'est passé et je ne suis non plus pas responsable car je le lui avais dit très clairement, l'on ne pouvait pas se tromper. En fait je ne le lui ai pas dit une fois mais trois ! Et puis vous m'avez toujours enseigné: "Aie confiance en Allah" donc j'ai fait confiance. Ne me regardez pas maintenant avec colère".

    "Fais confiance à Allah !" dit le maître "mais d'abord attache ton chameau, parce qu'Allah n'a pas d'autres mains que les tiennes. S'il veut attacher le chameau il doit se servir des mains de quelqu'un; il n'en a pas d'autres et c'est votre chameau ! La meilleure façon, la plus simple et la plus rapide est d'utiliser vos mains. Fais confiance à Allah, ne fais pas seulement confiance à tes mains sinon ça créera de la tension. Attache ton chameau et ensuite fais confiance à Allah".

    Vous poserez la question: "Alors pourquoi faire confiance à Allah si vous avez attaché le chameau ?" Parce qu'on peut voler un chameau attaché ! Faites tout ce que vous pouvez; le résultat n'est pas certain, le résultat n'est pas garanti. Faites ce que vous pouvez, puis, quoiqu'il arrive, acceptez-le.

    C'est ce que signifie "attacher le chameau"; faites votre possible, n'esquivez pas votre responsabilité, puis, si rien ne se passe ou si quelque chose va de travers, alors seulement faites confiance à Allah... Il sait mieux que vous. Peut-être est-il préférable pour vous de voyager sans chameau. C'est très facile de faire confiance à Allah et d'être paresseux. C'est très facile de ne pas faire confiance à Allah et d'être un être entreprenant. Être le troisième type d'homme est difficile. Faire confiance à Allah et pourtant rester actif et n'être plus alors qu'un instrument… Dieu est le véritable acteur et vous n'êtes qu'un outil entre ses mains.


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  • 59. Le Voyage.

    Même si vous avez mille fois rompu vos promesses.

    La douleur, la souffrance, la misère; tout cela ne doit pas être pris au sérieux, car plus vous le prendrez au sérieux, plus vous aurez du mal à vous en sortir. Moins vous êtes sérieux... plus vous pourrez passer à travers la souffrance, à travers la nuit sombre en chantant. Et si l'on peut passer à travers la souffrance, à travers la nuit sombre en chantant et en dansant, pourquoi vous torturer inutilement ?

    Faites de ce voyage d'ici à ici une magnifique occasion de rire.

    Il existe un très beau poème de Mevlana Jalaluddin Rumi, l'un des plus grands maîtres soufis qui ait jamais vécu, qui dit ceci:

    "Venez, venez, qui que vous soyez,

    vagabonds, disciples, chercheurs passionnés, peu importe...

    Notre caravane n'est pas celle du désespoir,

    Venez même si vous avez mille fois Rompu vos vœux,

    Venez, venez, revenez encore".

    Souvenez-vous de ce merveilleux poème; "Notre caravane n'est pas celle du désespoir". Je peux en dire autant, notre caravane n'est pas celle du désespoir, c'est une célébration, c'est la célébration de la vie. Les gens deviennent religieux par désespoir et celui qui devient religieux par désespoir le fait pour une fausse raison et si le tout début est faux, la suite ne peut pas être juste.

    Devenez religieux par joie, du fait de l'expérience de la beauté qui vous entoure, à partir de l'immense cadeau de vie que Dieu vous a donné. Devenez religieux par gratitude et reconnaissance. Vos temples, vos églises, vos mosquées et vos ashrams sont pleins de gens malheureux. Ils ont transformé vos temples en enfers, ils sont là parce qu'ils sont angoissés. Ils ne connaissent pas Dieu, ils ne s'y intéressent pas; ils ne sont pas concernés par la vérité, il n'y a pas de quête. Ils sont simplement là pour être consolés, réconfortés et de ce fait, ils recherchent quiconque peut leur enseigner une croyance bon marché pour rapiécer leur vie, pour cacher leurs blessures, pour dissimuler leur misère. Ils sont là pour chercher quelques fausses satisfactions.

    Notre caravane n'est pas celle du désespoir, c'est le temple de la joie, du chant, de la danse, de la musique, de la créativité, de l'amour et de la vie. Peu importe si vous avez violé toutes les règles, règles de conduite, de moralité. En fait quiconque a du cran doit nécessairement violer ces règles.

    Je suis d'accord avec Jalaluddin Rumi lorsqu'il dit: "Venez, même si vous avez mille fois rompus vos vœux"

    Les gens intelligents doivent nécessairement rompre souvent leurs vœux, car la vie est en perpétuel changement, les situations évoluent et l'engagement est souvent pris sous la contrainte; peut-être la crainte de l'enfer ou le désir du paradis, la respectabilité dans la société... cela ne vient pas du plus profond de votre cœur. Lorsque quelque chose vient de votre propre être intérieur, il n'est jamais rompu. Mais alors il ne s'agit jamais d'un vœu, c'est un simple phénomène comme la respiration.

    Venez, venez encore !

    Tout le monde est le bienvenu, sans condition, aucune exigence n'est requise.

    Le temps est venu d'une grande révolte contre toutes les religions établies. Être religieux est nécessaire dans le monde mais pas du tout les religions, plus d'hindous, plus de chrétiens, plus de mahométans, simplement des gens purement religieux, des gens qui ont un grand respect pour eux-mêmes.


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  • 60. Le Rire.

    La dernière surprise des mystiques chinois.

    Le rire est éternel, la vie est éternelle et la célébration permanente. Les acteurs changent mais le drame continue. Les vagues changent mais l'océan continue. Vous riez, vous changez, un autre rit, mais le rire continue. Vous célébrez, un autre célèbre et la célébration continue.

    L'existence est continue, c'est un continuum, il n'y a pas une seule interruption. La mort n'est pas la mort car chaque mort ouvre une nouvelle porte; c'est un commencement. La vie n'a pas de fin, il y a toujours un nouveau commencement, une résurrection.

    Si vous changez votre tristesse en célébration, alors vous serez également à même de changer votre mort en résurrection. Aussi apprenez cet art pendant qu'il est encore temps.

    J'ai entendu l'histoire de trois mystiques chinois, dont personne ne connaît plus les noms et ne les a jamais connu. On les appelait les "trois saints rieurs" car ils n'avaient jamais rien fait d'autre; ils riaient, tout simplement.

    Ces trois hommes étaient vraiment magnifiques en train de rire avec leurs ventres qui ondulaient. Cela devenait contagieux et tout le monde commençait à rire, la place du marché tout entière se mettait à rire. Alors que quelques instants plus tôt c'était une place laide où les gens ne pensaient qu'à l'argent, soudain ces trois fous arrivaient et transformaient l'ambiance du marché. Tous oubliaient qu'ils étaient là pour acheter ou vendre, personne ne ressentait plus de cupidité. Durant quelques instants un nouveau monde s'ouvrait.

    Ils voyagèrent à travers toute la Chine, de place en place, de village en village aidant simplement les gens à rire. Les gens tristes, les gens furieux, les cupides, les jaloux, tous se mettaient à rire avec eux et nombreux sont ceux qui découvrirent la clef; vous pouvez être transformé.

    Un jour dans un village il advint que l'un d'entre eux mourut. Les villageois se rassemblèrent et se dirent: "Maintenant il va y avoir un problème, nous allons bien voir s'ils rient. Leur ami est mort, ils vont certainement pleurer". Mais lorsque les deux autres arrivèrent, ils dansaient, riaient et célébraient la mort. Les villageois s'exclamèrent: "Cette fois c'en est trop, lorsqu'un homme meurt c'est un sacrilège de rire et de danser". Ils répondirent: "Toute notre vie nous avons ri avec lui, de quelle façon pourrions-nous lui dire un dernier adieu ? Nous devons rire, nous devons nous réjouir, nous devons célébrer. C'est le seul adieu possible pour un homme qui a ri toute sa vie. Nous ne considérons pas qu'il est mort, comment le rire pourrait-il mourir, comment la vie peut-elle mourir ?"

    Puis le corps devait être brûlé et les villageois dirent: "Nous lui donnerons un bain comme le rituel le prescrit".

    Mais les deux amis leur dirent: "Non, notre ami nous a dit, ne faites aucun rituel, ne changez pas mes habits et ne me donnez pas de bain. Mettez-moi tel que je suis sur le bûcher. Aussi nous devons suivre ses instructions".

    Et alors, soudain, il se produisit un grand événement. Lorsque le corps fut placé sur le brasier, le vieil homme joua son dernier tour; il avait rempli ses habits de pétards et soudain ce fut un festival ! Alors tout le village se mit à rire, ses deux fous d'amis dansaient et tout le village se mit à danser. Ce n'était pas une mort, c'était une nouvelle vie.

     


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